Aux quatre coins du monde, nous, citoyens de la planète, célébrons chaque année cette maison qui nous nourrit et nous héberge. Mais faut-il réellement un jour particulier pour la célébrer ? Pas si sûr... Avec les droits de la Nature, tous les jours peuvent être la Journée mondiale de la Terre. La preuve avec tous ces moments dans l'année qui nous ont donné envie de fêter la victoire de la Nature sur le droit.
25 MAI 2022 | Deux militants équatoriens des droits de la nature remportent le prestigieux prix Goldman.
Alexandra Narváez et Alex Lucitante, jeunes leaders A'I Cofan de Sinangoe en Equateur, ont remporté le prestigieux prix Goldman qui, chaque année, récompense des acteurs de terrain, des défenseurs de l’environnement de six continents qui payent parfois leur combat de leur vie.
Les deux leaders ont permis à leur communauté de gagner la lutte contre l'exploitation minière de leur territoire, en obtenant de l'État équatorien l'annulation de 52 concessions illégales d'extraction d'or qui se situaient sur leur terre et qui avaient été accordées sans leur consultation préalable, pourtant prescrite par la Constitution équatorienne.
La communauté A'i Cofan de Sinangoe, composée de 56 familles et quelques 230 personnes, est située sur les rives du rio Aguarico, dont sont affluents les rivières Cofan et Chingual. Ces dernières servent à l'alimentation, à l'irrigation et au plaisir de ses habitants. Or, récemment, les activités minières qui ont été autorisées par l'État équatorien, sans la consultation préalable de ses habitants, ont pollué les sources d'eau, les sols et l'air de ce territoire.
La bataille juridique qui a été gagnée par la communauté devant la Cour constitutionnelle en février 2022 a alors permis de protéger "quelque 32 000 hectares de forêt tropicale vierge et riche en biodiversité dans le cours supérieur de la rivière Aguarico en Équateur, qui est sacrée pour les Kofan", peut-on lire dans la décision du jury.
6 JUILLET 2022 | La nation Ponca des États-Unis marque l'histoire de la protection de l'eau.
Le 6 juillet dernier, la Ponca Tribe of Indians of Oklahoma Business Committee a adopté à l’unanimité un nouveau statut reconnaissant "les droits immuables des rivières" pour deux rivières et autres plans d’eau qui traversent leur territoire, Ní’skà, (rivière Arkansas) et Ni’ží’dè, (rivière Salt Fork). Selon le Movement Rights, les femmes ont toujours été les gardiennes des eaux pour la tribu. Les rivières sont elles-mêmes considérées comme des entités féminines sacrées par les Ponca et par les tribus du monde entier. La Ponca Pa’thata Women’s Society déclare, par conséquent, que ses représentantes assumeront "leur responsabilité ancestrale de servir de gardiennes aux deux fleuves".
"C'est la loi qui doit suivre la culture, et non l'inverse."
Cette nouvelle loi sur les droits des rivières fait suite à la loi sur les droits de la nature qui a également été adoptée par la nation Ponca en 2016. A ce moment-là, ils étaient la première tribu autochtone aux Etats-Unis à reconnaître les droits de la nature afin de faire cesser les projets d'énergies fossiles sur leur territoire en Oklahoma.
La nation Ponca déclarent souhaiter faire de leur travail sur les droits de la nature et sur les droits des rivières un modèle qui contribuera à transformer le système culturel et juridique dans le monde entier, vis-à-vis de l'environnement.
21 SEPTEMBRE 2022 | Mar Menor, Espagne.
Le 21 septembre 2022, suite à une Iniciativa Legislativa Popular (ILP) lancée en Espagne, le Congrès espagnol s'est prononcé, à une écrasante majoritée, en faveur d'une loi reconnaissant la personnalité juridique de la Mar Menor, plus grand lac d’eau salée d’Europe.
Ainsi, la Mar Menor devient le premier écosystème en Europe à être un sujet de droit. Un énorme pas en avant pour la reconnaissance des droits de la nature !
Comme le prévoit le texte légal, la lagune passe du statut de simple objet écologique, d’espace de loisir ou de cadre de développement, pour être un “sujet indissociablement biologique, environnemental, culturel et spirituel”.
Les droits qui lui ont été nouvellement reconnus incluent le droit d’exister en tant qu’écosystème, le droit d’évoluer naturellement, mais aussi des droits opposables aux êtres humains et aux autorités locales, tels que le droit à la protection, à la conservation, à l'entretien et à la restauration.
S'agissant de sa gouvernance, la Mar Menor et son bassin sont confiés à un nouvel organisme de tutelle, composé de représentants locaux et de scientifiques, chargé de représenter la lagune et de défendre ses droits au sein d'instances dédiées.
20 FÉVRIER 2023 | La rivière Ouse sur le point de devenir la première rivière d'Angleterre à se voir accorder des droits.
Le conseil du district de Lewes a adopté, le 20 février 2023, une motion sur les droits de la rivière reconnaissant les droits de la nature comme un moyen d'améliorer la santé des rivières locales, en leur accordant une protection similaire aux personnes.
Alors que la rivière doit faire face à de nombreuses problématiques de pollution et d'artificialisation, cette motion est la première étape vers une Charte des droits de la rivière Ouse, à travers laquelle le droit à la santé et le droit au bien-être de la rivière seront exprimés. Il reviendra aux communautés locales dans tout le bassin versant de la vallée de l'Ouse de représenter la rivière et de défendre ses droits.
Le projet de la Charte :
Vise à traiter la rivière comme une entité vivante destinataire de droits propres
Fait partie de l'idée, qui se développe à l'échelle mondiale, d'étendre les droits légaux à tous les cours d'eau naturels.
La motion adoptée par le disctrict a été soutenue par diverses organisations, dont l'Ouse and Adur Rivers Trust, le Sussex wildlife Trust et l'Environnmental Law Foundation.
29 MARS 2023 | La Cour constitutionnel d'Equateur interdit une mine de cuivre dans la Vallée d'Intag sur le fondement des droits de la nature.
Les habitants de la Vallée d'Intag en Equateur ont remporté une bataille juridique historique après que la Cour constitutionnelle ait interdit l'extraction du cuivre dans l'une des forêts les plus riches en biodiversité du monde, dans les Andes tropicales.
Le tribunal provincial d'Imbabura a jugé le 29 mars que le producteur de cuivre chilien Codelco et l'entreprise Nacional Minera d'Equateur (ENAMI EP) avaient violé le droit de participation des communautés, ainsi que les droits de la nature, annulant ainsi leurs licences minières. C'est une victoire de plus pour ces communautés qui luttent contre ces activités depuis près de 30 ans, dans ce que les habitants considèrent comme étant "le plus long mouvement de résistance contre l'exploitation minière de l'Amérique latine".
C'est la sixième fois qu'une qu'une société minière transnationale a été obligée de quitter la région d'Intag [...] Et nous espérons vraiment que ce sera la dernière." - a déclaré Carlos Zorrilla, un leader dans le mouvement de défense des forêts de nuage d'Intag.
Les Andes tropicales constituent le hotspot le plus riche en biodiversité du monde, classé premier pour la diversité de ses plantes, oiseaux, mammifères et amphibiens. Cette région abrite en outre de nombreuses espèces rares et menacées, telles que le crapaud arlequin à long nez (Atelopus longirostris) et d'autres amphibiens que l'on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
En cette Journée mondiale de la Terre Mère 2023, vous pouvez agir et soutenir la campagne de RightsofMotherEarth.com et Global Alliance for Rights of Nature en signant la pétition, et ainsi lancer un appel à l’ONU pour l’adoption d’une Déclaration universelle des droits de la Terre Mère.
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