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Je n’ai pas peur de redevenir sauvage !

Dernière mise à jour : 16 oct. 2020

Lancement officiel de Wild Legal au festival Climax de Bordeaux


«L’Amazonie, ou le déracinement du monde»… Le thème qui donnait le ton cette année à l’éco-festival Climax a fédéré autour de lui de nombreux acteurs de terrain, témoins de la destruction de notre héritage biologique planétaire. Le 7 septembre dernier, l’équipe de Wild Legal était donc présente, entourée des instigateurs du programme, la juriste et essayiste Valérie Cabanes, l’avocat William Bourdon, le vice président de l’Association des Nations Autochtones de Guyane Alexandre Sommer-Schaetelé et l’anthropologue Irène Bellier pour annoncer le lancement officiel de Wild Legal.


Partie 1. Droits des écosystèmes et des peuples autochtones


Étendard de la lutte pour la reconnaissance du crime d’écocide, Valérie Cabanes nous interpelle :


le siècle des lumières nous a expliqué qu’il fallait que nous nous affranchissions des lois naturelles, qu’il fallait que nous adoptions l’idée du progrès, je pense qu’il est temps aujourd’hui face à la crise écologique, la crise climatique, que nous acceptions de redevenir sauvage.”

Quel est le sens du mot sauvage ? Au lieu d’y voir une version néo-coloniale de l’homme blanc qui domine le reste du monde, Valérie Cabanes parle d’un humain pleinement incarné sur la terre, qui sait vivre et partager avec les autres êtres vivants. Redevenir sauvage cela veut dire, redevenir pleinement humain, pleinement élément de la nature et quitter ce piédestal sur lequel nous nous croyons posé en tant qu’occidentaux, en tant que prédateurs de la nature.



Partie 2. Wild Legal, l’école du sauvage


A l’occasion de cet événement et pour répondre au besoin de se réunir pour agir, les associations DARWIN CLIMAX COALITION, NATURERIGHTS et SHERPA ont lancé la campagne pour la reconnaissance des droits de l’Amazonie afin de sensibiliser le public au fléau de la contamination au mercure qui affecte la Nature et les peuples de Guyane. Cette première édition de Wild Legal intègre un cycle de formation, un tournoi inter-universitaire ainsi que la préparation d’une action juridique concrète en faveur de la reconnaissance des droits des écosystèmes et des peuples amazoniens.


Témoins de la souffrance des amérindiens de Guyane, Alexandre Sommer-Schaechtelé a rappelé la contamination au mercure des fleuves et des peuples d’Amazonie, conséquence du fléau de l’orpaillage illégal.


Car on estime à 10.000 le nombre d’orpailleurs clandestins, présents dans la forêt amazonienne guyanaise. Appelés “Garimpeiros” en portugais car souvent originaires du Brésil voisin, ces mineurs illégaux utilisent du mercure pour extraire l’or, un produit chimique peu onéreux mais extrêmement polluant. Rejeté dans la nature, le mercure est ensuite assimilé par les êtres vivants sur l’ensemble des chaînes alimentaires et nuit durablement aux écosystèmes.


Pollution et contamination au mercure, déforestation, braconnage : les activités humaines liées à l’orpaillage illégal ont un impact énorme et quasi-irréversible sur les écosystèmes. L’activité aurifère est responsable de la destruction de milliers de kilomètres de rivières, dont la turbidité et les concentrations en mercure causent la disparition de la faune et de la flore.


Remontant la chaîne alimentaire, la pollution au mercure empoisonne les peuples vivant le long des fleuves. Les habitants quotidiennement exposés présentent dans leur organisme des concentrations de ce polluant quatre fois plus élevées que chez les populations du littoral. Particulièrement touchés, le peuple amérindien Wayana du Haut Maroni se bat pour protéger son territoire ancestral.


Images Maiouri Nature Guyane


Pour autant, l’action du gouvernement n’est pas à la hauteur pour endiguer ce fléau. Environ 500 soldats, gendarmes, douaniers, policiers ou gardes forestiers sont déployés en Guyane française pour lutter contre l’orpaillage illégal. Mais ils agissent face à 10 000 orpailleurs clandestins armés et équipés de matériel dernier cri, sur un territoire plus vaste que l’Écosse et bien souvent sur un terrain à la végétation dense et soumis à la météorologie tropicale.


Les moyens engagés pour la lutte contre l’orpaillage illégal sont insuffisants et nous devons trouver des moyens nouveaux pour agir !


Aux côtés des organisations de Guyane, nous proposons donc aux participants du programme Wild Legal, de plancher sur ce cas pratique “en situation réelle” qui s’entend comme un défi lancé à la prochaine génération d’avocats et de juristes.


Les incitant à réinterpréter le droit de l’environnement à la lumière de la doctrine des droits de la Nature, il s’agit de repenser, grâce aux outils juridiques, l’organisation de notre société, en harmonie avec le Vivant et à proposer une nouvelle forme d’action impliquant la défense des droits de la nature et des droits des peuples autochtones.





Revoir la conférence CLIMAX “Quels droits pour les écosystèmes et les peuples autochtones ?



Par Marine Calmet & Simon Rossard


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