Mini-série “Ma rivière, c’est moi” :
Découvrez l'épisode consacré au Nant Bénin !
Situé en Savoie, au cœur de la vallée de la Tarentaise, le Nant Bénin aussi appelé torrent des Esserts prend sa source sous le col de Frête, à 2450 m d’altitude. Il traverse la forêt des Esserts et des prairies naturelles, des pâturages, puis se jette dans le Ponthurin, à 1350 m d’altitude.
Le Nant Bénin se distingue par sa situation privilégiée au sein d’une nature sauvage et par une très faible pression anthropique. C’est dans ce contexte que l'association Nant Sauvage a le projet de créer un sentier découverte qui parlerait des milieux aquatiques de la vallée de Peisey-Nancroix, sur un secteur accessible toute l’année même en hiver pour les promeneurs.
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Dans cette vallée intra-alpine où 97% des milieux aquatiques sont affectés par l’hydroélectricité, le Nant Bénin est le dernier torrent libre de Savoie.
Or, en 2016, le Nant Bénin a fait l’objet d’un projet de micro-centrale hydroélectrique et l’association Nant Sauvage s’est mobilisée pour le protéger. Alors que l’aménagement du barrage EDF de Tignes Malgovert a pris une partie de l’eau du torrent du Ponthurin, qui est maintenant à sec à certains endroits une partie de l’année, pour beaucoup d’habitants, l’hydroélectricité n’est plus la bienvenue dans la vallée.
Quoi que le projet de microcentrale sur le Nant Bénin soit actuellement à l’arrêt, l’association reste vigilante.
L’humidité du Nant Bénin profite à la forêt environnante. Sur un dénivelé total de 1100 m, il traverse de grands alpages puis descend, tout en cascades au creux d’un ravin profond et arboré, assurant un important réservoir de biodiversité pour la faune et la flore environnante.
Plus en amont sa continuité écologique était interrompue par l’installation d’un passage busé, réalisé à l’aide de tubes préfabriqués en béton armé, qui servaient de support à un pont de bois, avec pour conséquences une réduction de la luminosité, l’accumulation de graviers et de branchages, et des difficultés de franchissement pour la faune aquatique. Au cours de l’été 2020, les buses ont été enlevées et un pont de bois a été construit en appui sur les rives ; ce programme initié par l’association Nant Sauvage, soutenu par la Fondation Caisse d’Épargne, l’association de pêche d’Aime Nant Sauvage et la commune de Bellentre, a permis de restaurer la continuité écologique du Nant Bénin.
Le Nant Bénin s'écoule sur un dénivelé de 1100 mètres et jusqu’à 53° de pente.
Le Nant Bénin est le seul et dernier torrent libre de Savoie.
En 2017 s'est lancée la labellisation Rivières Sauvages suite à une mobilisation citoyenne locale, le Nant Bénin est le premier site “Rivière Sauvage” des Alpes.
Depuis début 2019, le Chéran a été labellisé “Site Rivières Sauvages” sur 49 km, ainsi que son principal affluent le Nant d’Aillon sur 25 km. Cette labellisation à travers cet outil de gestion permet une meilleure protection de ce cours d’eau. Des actions innovantes ont été initiées et ont permis de mobiliser des financements de ces projets de préservation du Chéran, en lien avec l’association du réseau des Rivières Sauvages.
Le Chéran est une rivière qu’il s’agit de protéger. À ce titre, deux autres principaux acteurs sont impliqués dans des actions de préservation, le SMIAC et le Parc Naturel Régional du Massif des Bauges : ils sont les deux instances les plus légitimes pour endosser le rôle de gardiens de la rivière.
LES COMMUNES
Au niveau administratif, le bassin versant du Nant Bénin s’inscrit sur quatre communes (Peisey-Nancroix, Bellentre, Macôt-la-Plagne, Champagny en Vanoise), qui ont les compétences “eau potable” et “assainissement”.
L'APTV
L’Assemblée du Pays de Tarentaise Vanoise (APTV), syndicat mixte regroupant les 5 communautés de communes de Tarentaise et le Département de la Savoie, a pour objectifs de définir et faire vivre un projet de territoire qui donne une vision à 10-15 ans de la Tarentaise. L’APTV est titulaire de la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations).
GEMAPI, QUESACO ?
*La compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) est une compétence créée en 2010 suite à la tempête Xynthia qui a causé de très fortes inondations. La compétence centralise dans les mains d’un opérateur les compétences relatives à un cours d’eau tout du long de son bassin versant. En outre, le détenteur de la compétence GEMAPI s’occupe de la gestion des digues ; de l'entretien des berges ; de la préservation de la faune et de la flore ; des questions d’urbanisme autour du cours d’eau.
Le programme Wild Legal accompagne cette rivière et les organismes qui oeuvrent pour sa protection et sa gouvernance partagée par l'établissement concerté d'une stratégie reposant sur les droits de la Nature.
En l'espèce, afin de participer à la sensibilisation du public et d’engager les acteurs de territoires dans une première démarche collective, les parties prenantes pourraient élaborer une Déclaration des droits du Nant Bénin. En préambule d’une telle Déclaration, les rédacteurs pourraient affirmer leurs conceptions de ce que représente le cours d’eau et revendiquer le lien spécifique qu’ils entretiennent avec lui. Ils pourraient déclarer les droits fondamentaux qu’ils souhaitent reconnaître, sur le modèle de la Déclaration universelle des droits des fleuves et rivières.
Cette Déclaration des droits du Nant Bénin pourrait permettre de :
01
Rappeler le contexte de crise bioclimatique et l’urgence à agir pour l’atténuer et s’y adapter.
02
Reconnaître l'impératif d’adopter une approche écocentrée du droit de l’environnement pour faire face à cette crise.
03
Définir les différents droits que les parties reconnaissent aux écosystèmes qu’elles souhaitent défendre.
04
Affirmer que le respect de ces droits guidera toutes les parties prenantes dans leurs activités opérationnelles et leurs processus de planification.
Cette première étape permettrait également de repenser une nouvelle participation ou gouvernance autour de la question des Gardiens de la rivière, des acteurs impliqués pour être les garants du respect des droits du Nant Bénin, sur le modèle des autres écosystèmes reconnus sujets de droits, comme le fleuve Whanganui en Nouvelle Zélande ou l’Atrato en Colombie.
